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La harpe d’Anaïs Gaudemard en solo 

Le 13 mai 2019 par Charlotte Saulneron
 

Après un enregistrement dédié aux concertos pour harpe de Boieldieu et de Ginastera et aux danses pour harpe de Debussy, Anaïs Gaudemard traverse les époques, les approches et les caractères afin de dévoiler la multiplicité du timbre, de la texture et du jeu de son instrument soliste.

Seule la Sonate en la mineur K. 109 de Domenico Scarlatti est une transcription. Sinon, Anaïs Gaudemard, actuellement en tournée dans le cadre du programme Rising Star et également « artiste associée » de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, choisit des pièces dédiées originellement pour son instrument : la ballade nordique et fantastique d’Henriette Renié Légende, où la harpiste y déploie de nombreuses qualités riches d’intentions à travers la douleur amoureuse inspirée par le poème Les Elfes de Leconte de Lisle ; l’Impromptu op. 86 de Gabriel Fauré qui marque indéniablement la technique virtuose de l’interprète ; la musique de Paul Hindemith où son jeu fait preuve d’une puissance poétique admirable dans cette Sonate en sol majeur ; et enfin le souvenir oriental d’une grande expressivité par l’exploitation des effets de résonance de l’instrument par Philippe Hersant dans Bamyan, ville d’Afghanistan à proximité de laquelle étaient situés les bouddhas détruits en 2001.

Cette programmation très éclectique souligne la place de choix que cet instrument à cordes pincées a obtenu, devenant instrument soliste à part entière à la fin du XIXe siècle, le faisant ainsi sortir soit de son rôle d’accompagnement ou d’une masse orchestrale dominante. Ces choix d’œuvres permettent un éventail large de la variété de sonorités et de techniques que la harpe peut offrir, Anaïs Gaudemard jouant sur une harpe style 23 Gold.

Enregistrer une harpe n’est pas des plus simples pour le réalisateur Alban Moraud, auteur d’un texte dans la notice de présentation du disque – il est toujours intéressant de mettre en lumière les « acteurs de l’ombre ». La prise de son fait la part belle à l’équilibre de toute la tessiture de l’instrument à cordes pincées, réfléchie aussi afin de capter les couleurs et les nuances de la pièce de Philippe Hersant, les contrastes de la pièce de Carl Philippe Emanuel Bach, comme le velouté des arpèges de Gabriel Fauré.

Henriette Renié (1875-1956) : Légende pour harpe. Domenico Scarlatti (1685-1757) : Sonate pour le clavecin K. 109 transcrite pour harpe. Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Solo für die Harfe Wq. 139, H 563. Gabriel Fauré (1845-1924) : Impromptu en ré bémol majeur op. 86. Paul Hindemith (1895-1963) : Sonate pour harpe en sol majeur. Philippe Hersant (né en 1948) : Bamyan. Anaïs Gaudemard, harpe. 1 CD Harmonia mundi. Enregistré en mai 2018 à La Courroie, Entraigues-sur-la-Sorgue. Notice en français et en anglais. Durée : 58:42

HARMONIA MUNDI

 

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