Solo
Anaïs Gaudemard, harp. Harmonia Mundi, 2019.
When the European Concert Hall Organization named Anaïs Gaudemard a “Rising Star”’ last year, she accepted this high honor with grace, though adding, “It is impossible to be a ‘star’ next to the harp, because it fascinates, intrigues, and dazzles.” It might be safe to say this thrilling young musician is on the edge of a long and fulfilling career, entering with a polished technique and ability to move a listener, coupled with just the right amount of self-effacement to continue discovering as her artistry deepens.
In her latest album, simply titled Solo, Gaudemard sets a goal to reveal the harp’s potential in its original repertoire. Hardly an original idea in and of itself, in her deft hands, the repertoire becomes more than just a survey. Rather, familiar works seem to speak to one another, coaxing along through the centuries composers’ interest and curiosity in the wide possibilities of the instrument.
Every Parisian alive at the fin de siècle would have been familiar with the tragic pathos and otherworldliness of Leconte de Lisle’s Les Elfes. A knight rides through the dark forest only to be bewitched by evil spirits. Upon hearing the disembodied voice of his lover cry out, “The eternal grave will be our wedding bed,” he does the proper thing and immediately dies on the spot. Henriette Renié based her Légende on this poem, challenging the harpist to become the musical storyteller, a trait natural to Gaudemard in the ease of her recitative, consistently insistent tempo, wide dynamic range, and haunting color.
Notable works on the CD include C.P.E. Bach’s Sonata for solo harp, and the “title track” as it were, Solo. Gaudemard coaxes an intimate quality from her instrument, lingering on the intricate ornaments and never shying away from the quirky character of this most successful of Bach’s sons.
Fast-forwarding a few hundred years to Paul Hindemith, we hear a similar mastery of forward motion, long legato lines and a keen communication of structure and form, yet without any academic ponderousness. A sometimes balancing act, Gaudemard sidles into the challenge flawlessly allowing things to blossom in her hands, imbuing Hindemith’s coolness with intensely varied hues.
In 2002, French composer Philippe Hersant wrote a solo piece that uses none of the typical harp language of glissandi or arpeggios, a feat rare for any composer. What we hear in Bamyan is a mysterious and ancient quality, as though the instrument were more an oud than a harp. The place is one of great cultural significance in central Afghanistan, its magnificent fourth century Buddha statues destroyed by the Taliban. Gaudemard takes us there, to a time before war and tragedy, and yet weaves a mesmerizing song of sorrow and longing.
Anaïs Gaudemard is a harpist to watch, and I, for one, can’t wait to see where she’s headed next." Alison Young
Lorsque l'European Concert Hall Organization a nommé Anaïs Gaudemard comme «Rising Star» l'année dernière, elle a accepté ce grand honneur avec grâce, tout en ajoutant : «Il est impossible d'être une "star" à côté de la harpe, tant elle fascine, intrigue, et éblouit. ». Nous pouvons assurer que cette jeune musicienne passionnante est au début d'une longue et épanouissante carrière, avec une technique raffinée et la capacité de transporter un auditeur, couplé avec la juste quantité d'effacement de soi et de curiosité pour continuer d'approfondir son art.
Dans son dernier album, simplement intitulé Solo, Gaudemard se fixe pour objectif de révéler le potentiel de la harpe dans son répertoire original. Une idée originale en soi, et qui entre ses mains habiles, devient plus qu'une simple investigation. Au contraire, les œuvres familières semblent se parler, s'entremêlant à travers les siècles, et dévoilant l’intérêt et la curiosité des compositeurs pour les vastes possibilités de l’instrument.
Chaque Parisien vivant à la fin du siècle aurait été familier avec le poème tragique des Elfes de Leconte de Lisle. Un chevalier traverse la forêt sombre pour être envoûté par des esprits maléfiques. En entendant la voix désincarnée de sa fiancée crier : «La tombe éternelle sera notre lit de mariage», il fait ce qu'il faut et meurt immédiatement sur place. Henriette Renié a basé sa Légende sur ce poème, défiant la harpiste de devenir la conteuse musicale, une aisance naturelle pour Anaïs Gaudemard qui met en évidence la facilité de son tempo récitatif, constamment insistant, son large éventail de dynamiques et de couleurs obsédantes.
Les oeuvres remarquables sur le CD incluent le Solo de C.P.E. Bach pour harpe seule qui donne au disque son titre éponyme ; Solo. Gaudemard tire une qualité intime de son instrument, s'attardant sur les ornements complexes et ne se dérobant jamais au style original du plus célèbre fils de J.S. Bach.
Avançant rapidement de quelques centaines d'années à Paul Hindemith, nous entendons une maîtrise similaire de la direction, de longues lignes de legato et une vive communication de la structure et de la forme, mais sans aucune lourdeur académique. Un acte parfois équilibré, Gaudemard se glisse dans le défi en permettant aux choses de fleurir entre ses mains, imprégnant la fraîcheur de Hindemith avec des teintes intensément variées.
En 2002, le compositeur français Philippe Hersant a écrit une pièce solo qui n'utilise aucun des langages de harpe typiques des glissandi ou des arpèges, un exploit rare pour tout compositeur. Ce que nous entendons dans sa pièce Bamyan est une qualité mystérieuse et ancienne, comme si l'instrument était plus un oud qu'une harpe. L'endroit est d'une grande importance culturelle dans le centre de l'Afghanistan, ses magnifiques statues de Bouddha du IVe siècle furent détruites par les talibans. Gaudemard nous y emmène, à une époque d'avant-guerre et de tragédie, et pourtant tisse un chant envoûtant de tristesse et de nostalgie.
Anaïs Gaudemard est une harpiste à suivre, et pour ma part, j'ai hâte de voir où elle ira ensuite.