Le trio Bernold, le 17 mars 2023 au Printemps des Arts © Alice Blangero
Faites vos jeux
La salle des conférences du Musée océanographique accueillait le premier concert avec le trio Bernold, du nom du flutiste Philippe Bernold. Aux côtés de pointures telles que l’altiste Lise Berthaud et la harpiste Anaïs Gaudemard, il explore le thème du jeu grâce aux pièces de Kurtág, Bach et Debussy. De ce dernier, le trio a extrait la Children’s Corner Suite – à l’origine pour piano mais transcrite ici par Carlos Salzedo – une série de charmantes miniatures en guise d’apéritif musical. La harpe d’Anaïs Gaudemard s’appropriera avec un lyrisme remarquable une pièce impressionniste, la Première Arabesque, écrite à l’origine pour le piano. Des arabesques, il en est aussi question avec Syrinx, pour flûte. L’espace de quelques minutes suspendues, Bernold semble ressusciter le mythe grec et improviser une mélodie incandescente. Quant au trio, il donnera le meilleur de lui-même dans la mélancolique et avant-gardiste Sonate pour flûte, alto et harpe, révélée grâce aux délicats jeux de timbres entre les instruments. Indéniablement, les artistes ont su présenter les subtilités d’une musique entre ombre et lumière, entre mélancolie et joie. De plus, en remplaçant le clavecin par la harpe, Debussy fait renaître ici l’art de la sonate en trio.
Dans la Sonate en mi bémol majeur pour flûte et clavecin de Jean-Sébastien Bach, la harpe apporte sa richesse de timbres et ôte l’aspect percussif qu’apporte le clavecin, éclairant d’un nouveau jour cette pièce.
L’idée du jeu se manifeste particulièrement avec György Kurtág et les Extraits de Jelek, játékok és üzenetek, pièces en solo et en duo, et de Jelenetek pour flûte, op. 39. Játékok signifie « jeux » en hongrois. Parmi ces miniatures, notons notamment « …preparation, experiments for the creation of a perpetuum mobile… », de l’opus 39, une œuvre dans laquelle le flutiste émaille son interprétation d’onomatopées, piquant la curiosité du public.
Par Julien Bordas